mercredi 30 décembre 2009

Spécial Popa ou les vidanges à Buenos Aires

En soirée, on a sonné à notre porte. Drrrriiing! (Même les sonnettes roulent les «r» ici.) Puisque notre balcon donne sur la rue, René s'y est précipité pour voir qui cela pouvait-il être. J'entends René me crier « Anne ! Le vidangeur dit qu'on doit payer pour qu'il ramasse nos sacs !!!», « heiiiiinnnn !!!? » et moi de me ruer sur le balcon pour voir le saugrenu vidangeur.
Croyant sans doute que j'étais la soeur économe de la maison et qu'il aurait plus de succès avec moi, il me répète exactement la même chose qu'à René. Nous nous sommes regardés René et moi et avons sorti notre arme la plus efficace ici contre les arnaqueurs en tout genre. Une arme qui clos en général la conversation « no habla espagnol ! ». Il nous a répondu découragé par un vague geste de la main et nous a tourné le dos pour sonner à une autre porte.

S'en est suivi une longue conversation entre nous trois sur la possibilité de devoir payer ou non les vidangeurs alors que les consignes concernant l'appartement que nous avons loué n'en parlent pas. Il faudra quand même s'en assurer, car nous ne voulons surtout pas nous retrouver honnis par ces travailleurs qui font un boulot très ingrat particulièrement ici.

La consigne de notre appartement veut que chaque soir de la semaine nous déposions nos sacs d'ordures sur le trottoir entre 20 h et 21 h. Jusque là, pas de problème. Mais nous avons été sidérés de constater que lorsque les sacs se retrouvent sur le trottoir, des personnes extrêmement démunies se mettent à éventrer les sacs et à fouiller leur contenu. Ils laissent derrière eux une rue et des trottoirs jonchés de détritus. Ces éventreurs de sacs ne récupèrent pas tant des objets comme cela arrive chez nous, mais surtout de la nourriture(!)... Dans notre quartier, nous avons vu entre autres une famille avec 4 jeunes enfants se livrer à cet exercice. Une famille complète de six personnes vit ici dans la rue, se promène avec ses quelques possessions et s'alimente à même les ordures. René qui a beaucoup voyagé dit que c'est la première fois qu'il voit ce genre de rituel. Une chose est sûre, on ne peut rester indifférent devant tant d'indigence. Cette image restera gravée en moi longtemps.

Ils sont sans doute nombreux à manquer ainsi du nécessaire le plus élémentaire, car à 22 h tous les sacs dans le quartier se retrouvent éventrés et leur contenu éparpillé. Un vrai saccage. Curieusement, il est étonnant de constater le lendemain que presque tout a été ramassé et nettoyé. Comme si ce rituel quotidien d'épandage d'ordures disparaissait au lever du jour avec les mauvais rêves.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce que tu décris me rappelle les bidonvilles de Mexico. Souvenirs parfois oubliés mais combien tristes.

Isabelle

Anne Tremblay a dit…

C'est vrai Isabelle qu'il y en a un peu partout de cette misère matérielle qui nous rappelle comment nous sommes choyés. J'ai vu aussi des bidonvilles ici, non loin du port... Étrangement, très peu de mendiants, alors que Montréal en a un paquet.